Edito

 

Communiqué de presse du 26/05/2025

 

Le SNPHPU oppose un refus ferme et catégorique aux propositions d’expérimentation pour les PUI d’EHPAD

C'est avec stupéfaction que le SNPHPU a pris connaissance des déclarations tenues par le ministre Neuder lors de son allocution vidéo diffusée lors du congrès Hopipharm qui s'est tenue à Nantes la semaine dernière.

Comment le ministre en charge de la santé peut proposer aux pharmaciens hospitaliers des mesures expérimentales et dérogatoires à l'exercice en pharmacie à usage intérieur (PUI), tout en se déclarant favorable au DES de pharmacie hospitalière, voire en être son défenseur ? Comment croire, malgré le rappel par le ministre lui-même de leurs importances, que l'ensemble des missions et des implications du pharmacien hospitalier titulaire de DES pourront être assurés avec le même niveau d'exigence, si l'exercice en PUI pouvait être accessible avec un niveau de formation bien moindre ?

 

Quel message de confiance le ministre envoie-t-il envers tous les pharmaciens hospitaliers actuellement en poste et tous les étudiants, et notamment les internes en cours de formation, quand des mesures « de simplification » de l'accès à l'exercice en PUI de ce type sont annoncées par ceux qui devraient être les garants du respect des lois et des règlements au niveau de l'état ?

Rappelons tout de même que l'obligation faite au pharmacien exerçant dans les pharmacies à usage intérieur de disposer d'un DES ne date pas d'hier. En effet depuis 2017, si un certain nombre de DES listés dans le code de la santé publique à l'article R5126 – 2 sont exigés pour exercer en PUI, des dispositions ont été prises pour permettre un accès dérogatoire à des pharmaciens déjà en poste dans des PUI. L'article R5126 – 3 du CSP en détail les modalités, mais précise également que ce dispositif s’éteindra au 1er juin 2025.

 

Hormis donc les pharmaciens non titulaires de DES qui auraient pu bénéficier de ces dispositions, seuls ceux qui sont titulaires de DES sont autorisés à exercer en PUI à cette date. La période de transition a été suffisamment longue pour que toutes les personnes impliquées dans ce dispositif, que ce soit les pharmaciens eux-mêmes, que ce soit les directions d'établissement, que ce soit les pouvoirs publics dans le cadre de la planification des besoins, puissent prendre les dispositions qui s’imposaient alors et ne nous fassent pas le reproche d'une transition trop brutale ou soient à l’initiative de dispositions prise à la hâte et sans concertation.

Si différents signaux attaquant le DES ont été constamment observés depuis l'obligation de 2017, ils ont été plus fréquents au fur et à mesure que se rapprochait la fin du dispositif transitoire et donc la date du 1er juin 2025.

 

Devons-nous encore une fois rappeler au ministre Neuder, médecin hospitalier, que ce n'est pas la taille ou le type de PUI qui doivent déterminer le niveau d'exigence des professionnels exerçant dans celle-ci, mais bien les patients pris en charge. En ce qui concerne les EHPAD, on ne peut pas trouver le meilleur exemple de patients dont la prise en charge peut être complexe du fait de leur âge, des polypathologies dont ils peuvent souffrir, de la polymédication dont ils sont souvent l'objet, de la difficulté physique ou cognitive à appréhender l'ensemble de leurs traitements. Et on voudrait, sur ce type de population particulièrement à risque de iatrogénie médicamenteuse, se passer des meilleurs spécialistes que sont les pharmaciens hospitaliers titulaires de DES ?

 

Le SNPHPU et tous les pharmaciens que nous représentons invitent fermement le ministre Neuder à reconsidérer les propositions qu’il vient de faire à Nantes. En l’état, nous signifions fermement notre opposition à de telles dispositions qui sont potentiellement dangereuses pour la profession elle-même, mais surtout pour les patients auxquelles nos PUI sont destinées. Nous refusons l'apparition d'une prise en charge pharmaceutique hospitalière à deux vitesses. Là où comme jamais la profession de pharmacien hospitalier s'est vu confier des missions de plus en plus variées et diversifiées, nécessitant une expertise certaine portée par une formation initiale robuste, il est tout à fait incompréhensible d'entrevoir un affaiblissement du niveau d'exigence pour accéder à ce type d'exercice.

 

Nous redisons également avoir été associés à la préparation d’un dispositif très temporaire et très restreint dans son périmètre, concernant l’exercice en seule PUI de SDIS, pour un petit nombre de personnes (50 ou moins) mais avec l’objectif de revenir à la règle ensuite, c’est-à-dire pour les pharmaciens être titulaires du DES. Depuis pratiquement un an, des discussions ont été engagées avec les professionnels concernés, mais rien n’est officiellement validé à ce jour.

Comment peut-on proposer d’étendre un dispositif par nature d’exception et non validé, à un nombre bien plus conséquents de pharmaciens et d’établissements ?

De plus, envisager de recourir à nos confrères officinaux, eux-mêmes déjà en difficulté certaine pour maintenir leurs effectifs, voire trouver un repreneur dans les zones sous dense en professionnels de santé, n’est pas des plus rassurant. Déshabiller les uns pour habiller les autres alors que la pénurie est très largement partagée ne peut pas être considérée comme une politique responsable et prévoyante.

 

Des efforts ont été consentis par tous jusqu’à présent, d’autres possibilités existent pour permettre une meilleure adéquation des besoins, mais cela ne pourra se faire sans les pharmaciens hospitaliers eux-mêmes ou la relève que représente les internes en pharmacie hospitalière

Nous réitérons nos propositions permettant de disposer de suffisamment de pharmaciens titulaires de DES, tel que présentées dans le communiqué de presse que nous avons signé le 5 mai 2025.

Dans un esprit constructif, nous souhaitons que soient organisées très rapidement des réunions avec le ministre et son cabinet pour clarifier la situation sur l’exercice en PUI.

Le SNPHPU reste convaincu de l’impérieuse nécessité pour toutes nos PUI de disposer de pharmaciens titulaires de DES pour le bénéfice premier de nos patients.

 

Dr Nicolas COSTE

Président SNPHPU

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Article créé le
17/12/2024
-
modifié le 25/02/2025
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