Edito

Allocution du Président du SNPHPU lors des Rencontres Convergences Santé Hopital 2025 à Saint Malo
Jeudi 25 septembre 2025
Chers collègues, chers congressistes,
C'est avec un plaisir renouvelé que j'ai l’honneur d'ouvrir ses allocutions officielles et de vous accueillir dans la cité corsaire de Saint Malo, dans ce beau palais des congrès idéalement placé près du centre historique.
Cette année, comme l’an dernier, je ferai un rappel concernant notre combat continuel pour défendre un exercice exigeant, pour le plus grand bénéfice de nos patients, qui passe par une formation solide et qui se matérialise par l’exigence de disposer d’un DES pour pouvoir exercer en PUI. Les épisodes ont été nombreux, nos réactions aussi, notre fermeté constante.
Un point sera également fait sur les dernières élections ordinales du printemps dernier et d’une façon plus générale sur la nécessaire pluralité dans les instances représentatives au niveau national.
Je conclurai sur l'instabilité politique toujours présente qui ne permet pas de construire avec les autorités des projets de longs termes. Le sujet de cet après-midi, la technologie en PUI, nécessite de bien comprendre les enjeux présents et à venir, d’anticiper des besoins, de pérenniser des investissements, de former et d’adapter les compétences des personnels de nos pharmacies. Sans stabilité, ni pilotage, la gageüre est importante.
En premier lieu évoquons donc le diplôme d’études spécialisées ou DES indispensable pour pouvoir exercer en tant que pharmacien dans les pharmacies à usage intérieur de nos établissements. Depuis le 1er juin 2025, tout pharmacien désirant exercer au sein d'une pharmacie à usage intérieur d'un établissement de santé devra obligatoirement être titulaire du seul diplôme d'études spécialisées, hors dérogation accordée précédemment. Une longue période de régularisation s’est donc achevée à cette date.
En début d’été le Conseil d’Etat a rendu une décision qui fera jurisprudence, quant à l’obligation de disposer d’un DES pour exercer en PUI. En effet en région Bourgogne Franche Comté, un directeur général d’ARS avait dérogé à cette obligation en autorisant un pharmacien non titulaire de DES ou d’une dérogation accordée par l’Ordre des pharmaciens au vu de son expérience et de son ancienneté, à exercer en PUI. Le SNPHPU, seul syndicat de pharmacie hospitalière, et la section H de l’Ordre des pharmaciens ont déposé un recours auprès du Conseil d’Etat contestant cette décision.
L’analyse faite par le SNPHPU sur l’irrégularité de cette situation a été définitivement confirmée par la plus haute juridiction administrative qui a demandé l’annulation de cette autorisation.
La veille permanente que nous menons sur les écarts à la réglementation en ce domaine paye. Je suis certain que plus aucun DG ARS ne prendra un risque pareil, et je sais que certains s’étaient posé la question mais y avaient renoncé. Leurs doutes étaient fondés. Ils en ont maintenant la certitude.
Si cela est une décision importante, cela n’empêche pas toutes sortes d’attaques pour amoindrir ou supprimer l’obligation du DES. La constance avec laquelle les dirigeants de certaines structures privées ou de leurs représentants s’y emploient, n’a d’égal que notre volonté à les dénoncer. En mars, c’est le président de la FHP qui faisait savoir qu’il n’était pas utile d’avoir un titulaire de DES dans les PUI sans activités « à risque », dont celles des EHPAD. Si la notion d’activités « à risque » reste discutable à notre sens, concernant les patients hébergés dans ces structures, il ne souffre aucune contestation pour convenir qu’ils sont, par leur âge, leurs polypathologies, leurs polymédications, à risque d’iatrogénie plus importante que la population moyenne. Et c’est à ces personnes que l’on souhaiterait ne plus faire bénéficier de l’expertise des pharmaciens les plus qualifiés ? N’y-at-il pas derrière cet argument qui ne tient pas, une volonté de diminuer la charge financière que représente la rémunération de professionnels qualifiés ?
Au printemps est apparue la possibilité d’une expérimentation permettant le recrutement de pharmacien d’officine en PUI d’EHPAD.
Avec le soutien d’Alliance Santé et de la CMH, nous avons rencontré la DGOS en juillet de cette année pour réaffirmer notre exigence concernant le DES pour exercer en PUI. Nous avons répété notre souhait de trouver d’autres solutions pour pallier le manque de certaines PUI. Nous avons d’ailleurs des propositions concrètes. Par exemple, continuer l’effort concernant le nombre d’internes formés, faciliter les remplacements en PUI pour les internes en leur donnant une plus grande autonomie, permettre l’accès à un deuxième DES tout au long de la carrière des pharmaciens en général. Cette dernière mesure est conditionnée à une réforme du troisième cycle que nous appelons de nos vœux pour les études pharmaceutiques.
La petite musique d’un texte pouvant être publié rapidement après la rentrée a convaincu l’ensemble des syndicats de pharmaciens hospitaliers seniors comme juniors de consigner un communiqué de presse demandant l’abandon de ce texte, et que sans réponse claire ou maintien de celui-ci, nous appelions tous les pharmaciens hospitaliers à faire grève la semaine dernière. La chute du gouvernement de François BAYROU a rendu impossible, au moins à court terme, la publication de ce texte. Mais nous resterons extrêmement vigilants et mobilisés, si d’aventure il devait refaire surface avec la mise en place du prochain gouvernement, et donc du prochain ministre de la Santé.
Second point abordé dans mon discours sera l’importance de votre soutien concernant les élections nationales que ce soit pour les instances gérées par le Centre National de Gestion ou que ce soit pour les élections ordinales à la section H, comme nous avons pu en avoir eu l’occasion au printemps dernier.
Concernant le CNG, notre représentation dans ces instances sont fondamentales pour porter votre voix dans les commissions ou conseils où ce sont malheureusement les carrières de certains d’entre nous qui sont concernées. L’aspect paritaire de ces commissions vous garantit que le point vu des praticiens sera exposé et défendu. Il le sera d’autant mieux que votre syndicat y est représenté. L’actuelle directrice du CNG, Mme Marie-Noëlle GERAIN-BREUZARD, finit son mandat et partira bientôt à la retraite. La prochaine directrice ou le prochain directeur n’est pas encore connu. Du travail sera à réaliser pour améliorer le fonctionnement des commissions du CNG, afin de garantir à tous un meilleur service rendu aux utilisateurs que nous sommes. D’ailleurs, j’ai une proposition que je soumets mes collègues de l’intersyndicale Alliance Hôpital, concernant la direction du CNG : Pourquoi ne pas envisager une codirection du CNG par d’une part un directeur d’établissement comme c’est le cas aujourd’hui, mais aussi par un praticien hospitalier ? Je rappelle que le CNG gère à la fois les carrières des directeurs d’établissement mais aussi celles des bien plus nombreux praticiens hospitaliers des établissements publics de santé.
Concernant les dernières élections ordinales de la section H de l’Ordre des pharmaciens, je tiens à vous remercier pour votre participation qui a été plus conséquente que la précédente fois. Les binômes ou quadrinômes, on ne sait pas très bien comment les qualifier, que nous avons soutenus, et que je remercie ici très chaleureusement, ont fait de très honorables scores. Ils ont été malheureusement insuffisants pour que l’un d’entre eux soit élu. Si nous ne contestons pas les résultats de ces élections, nous souhaitons vivement qu’un travail de clarification soit fait quant au règlement électoral qui les régit, que la place des réseaux sociaux soit prise en compte, et surtout que le calendrier proposé par l’Ordre tienne compte des manifestations professionnels qui pourrait interférer avec ce vote. Je prie Mme Carine Wolf-Thal, Présidente du Conseil national de l’Ordre, et M. Philippe Benoît, nouveau Président du Conseil central de la section H, de bien vouloir rapidement entreprendre des travaux dans ce sens, afin que les prochaines élections se passent dans les meilleures conditions possibles. Merci encore pour votre mobilisation, rien n’est possible sans les voix de nos adhérents et sympathisants.
Enfin évoquons la grande difficulté dans laquelle nous nous trouvons tous avec une instabilité politique, très préjudiciable, quel que soit le domaine. Si l’on fait le compte depuis qu’Emmanuel Macron est président de la République, nous en sommes à huit ministres de plein exercice en neuf périodes différentes, sans compter les ministres en charge, ministres délégués ou secrétaires d’état. Le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, consulte et travaille pour définir la composition de son gouvernement. A cette date, nous ne connaissons pas le prochain ministre de la Santé, mais nous ne pouvons que souhaiter que cela soit rapidement fait et si possible qu’il soit de plein exercice pour une meilleure efficacité sur un domaine aussi crucial que la santé. Toute cette précarité dans la direction donnée par le ministère ne peut qu’être délétère pour le suivi de dossiers très importants comme l’accès aux soins, la lutte contre les pénuries des produits de santé, la prévention et les actions de formation et d’information de la population aux enjeux de santé. C’est non seulement le ministère, mais aussi ses représentants en région que sont les ARS qui tanguent. D’ailleurs qu’en sera-t-il de l’avenir de ces structures créées avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires du 21 juillet 2009 ("Loi HPST"), quand des rapports de toute nature sortent pour préconiser leur fermeture ou leur rattachement à d’autre structures, dont les préfectures ? Idem pour les agences nationales qui dépendent directement ou indirectement de ce ministère, qui voient le maintien de leur existence suspendu à des arbitrages budgétaires de l’Etat.
Nous aspirons à plus de stabilité, à des visions et des actions prévues pour le long terme et capables de réagir à des imprévus comme nous avons pu en connaitre en 2020 avec la crise Covid, mais aussi réagir à l’arrivée de l’innovation dans nos métiers. La session de cet après-midi montrera que cela est possible pour ne pas dire indispensable pour le bien de tous. En cette journée mondiale des pharmaciens, les expériences et l’engagement des équipes que nous sommes allés voir, peuvent nous rassurer sur l’avenir de notre profession qui vit avec son temps et qui n’hésite pas à s’améliorer sans cesse pour le service premier de nos patients.
Concernant le financement de ces solutions ou le financement des produits de santé, nous restons proactifs et disponibles. Ces enjeux seront évoqués demain matin avec les meilleurs intervenants sur le sujet dont le Directeur de la Sécurité Sociale, M. Pierre PRIBIL.
Nous souhaitons que le prochain ministre de la Santé puisse durer pour ne pas avoir à refaire une énième fois ce constat d’immobilisme, même si nous sommes réalistes et que tout ne dépendra pas de lui.
Enfin en cette journée mondiale des pharmaciens, je remercie le président de l’EAHP, association représentant le pharmaciens hospitaliers européens, d’être présent sur ce congrès et pour l’état des lieux qui sera fait demain sur la formation et les missions des pharmaciens hospitaliers au niveau européen.
Je conclurai en vous remerciant encore d’être présents à ces 20èmes Rencontres Convergences Santé Hôpital, édition anniversaire. Je vous souhaite des sessions et des débats riches et instructifs.
Dr Nicolas COSTE, Président du SNPHPU
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