Hospitalo-universitaires : Une crise de confiance sans précédent

Article créé le
03/08/2022
-
modifié le 03/08/2022

Hospitalo-universitaires : Une crise de confiance sans précédent : 27 juillet 2022


La CMH et le SNAM-HP, organisations représentatives des Médecins Hospitaliers, réunies sous la bannière d’Alliance-Hôpital, font aujourd’hui le constat que pour les hospitalo- universitaires (HU), les conditions de travail n’ont jamais été aussi délétères, et la considération par nos tutelles jamais été aussi dégradées.

Nous sommes aujourd’hui confrontés, sans aucune concertation, à une attaque directe intolérable sur notre mode de recrutement. De manière unilatérale, et sans concertation, les services ministériels veulent imposer pour les CCA et AHU l’existence d’une commission mixte locale intégrant les directions hospitalières. La désignation et la nomination des HU doivent rester basées sur des critères universitaires, sous la responsabilité des doyens et des conseils de Faculté.

Une telle commission mixte pour les révisions des effectifs HU, pour la nomination des CCA, n’a JAMAIS été discutée.

Le dialogue social pompeusement intitulé «Attractivité des carrières hospitalo- universitaires » est tout simplement inexistant. Nous avons eu le 12 juillet 2021 (2021 : il y a maintenant plus d’un an !) une visioconférence entre le ministre de la santé, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, la FHF, la conférence des doyens, la conférence des PCME de CHU, le CNU et les organisations syndicales. Depuis, rien !
Aucune discussion réelle, alors qu’un projet d’instruction ministérielle juste avant l’été propose d’appliquer comme toute première recommandation une telle mesure comme si elle était l’essentiel de la réforme permettant d’établir une attractivité HU dans nos hôpitaux !

Cette intrusion des directions hospitalières ne sera JAMAIS acceptée par le Snam-HP et la CMH, regroupés sous la bannière d’Alliance-Hôpital ; elle ne recevra JAMAIS l’aval de la Conférence des Doyens. Une telle ingérence des DG de CHU dans les questions universitaires est tout simplement inacceptable.

Comme les praticiens, les HU souffrent des effets directs de la crise hospitalière, devenue systémique. Elle déstabilise les hospitaliers et retentit sur leur engagement et leurs missions :
- crise économique sévère et durable, mettant en danger les moyens nécessaires à la fois aux soins urgents et aux soins programmés, compromettant l’accessibilité aux
soins et la qualité du service public de santé.
- crise démographique qui majore les effets de la baisse d’attractivité de la carrière
hospitalière, aggravée par le nombre croissant de démissions compte tenu du manque
de considération et de l’accroissement des pénibilités non reconnues que chacun
constate à l’Hôpital.
- profonde crise institutionnelle, en grande partie induite par les effets pervers de la loi HPST qui a écarté le corps médical du processus décisionnel à l’Hôpital, le transformant en une hydre de plus en plus administrée par la technocratie et de moins en moins gérée par les praticiens.

Mais nous éprouvons de plus en tant que HU les conséquences d’une succession d’injustices, par exemple sur les retraites, qui n’ont que trop duré et qui mettent directement en péril la fonction même de nos centres hospitalo-universitaires :
- Montant injuste de nos pensions de retraite qui est de moins d’un tiers de nos derniers revenus, situation unique au sein des salariés français. Le taux de remplacement qui atteint en moyenne en France 51% pour l’ensemble des professions (INSEE) n’est en moyenne que de 33 % du dernier salaire d’un HU partant à la retraite à 67 ans. Les réformes successives, qui n’ont jamais pris en compte les spécificités des régimes de retraite de ces médecins, ont au fil des années dangereusement détérioré les pensions des HU, avec un système porteur de multiples sources de rupture d’équité entre les générations, par exemple pour les collègues nés avant 1975.


- Non reprise de l’ancienneté hospitalière. De manière arbitraire, les trimestres des salaires reçus pendant notre cursus hospitalier (externat, internat...) ne sont plus pris en compte ! Avec des études déjà longues, ces mesures sont particulièrement injustes, alors que leur correction ne représenterait qu’une charge très faible pour les finances publiques du fait du nombre restreint de professionnels concernés.


- Suppression de la possibilité de rachat des services auxiliaires pour les nouveaux HU nommés depuis 2015.
- Impossibilité de l’accès aux retraites complémentaires de type PERP pour les HU nommés depuis 2020. Tous les collègues HU quels que soit leur âge doivent pouvoir en bénéficier.
- Interprétation spécieuse et fallacieuse des administrations hospitalières qui refusent de comptabiliser comme « émolument » nos primes et indemnités hospitalières (gardes, astreintes, primes de service public exclusif, de chef de service, de pôle ou de CME, exercice multi-site, liaison...) et qui se trouvent donc exclues d’une éligibilité à l’abondement hospitalier sur les anciens contrats PERP encore actifs.
- Refus des administrations de nous octroyer la Garantie individuelle du pouvoir d'achat (GIPA), processus mis en place en 2008 pour les fonctionnaires afin de justement compenser des pertes de pouvoir d'achat.

Les HU ne sont ni des nantis ni des fraudeurs. Ils alertent devant la dégradation continue depuis 10 ans de leurs moyens de travail et de leur situation financière, qui détournent les nouveaux diplômés de la carrière universitaire et font fuir des collègues plus expérimentés, avec un accroissement majeur de toutes les pénibilités, sans aucune reconnaissance de nos missions.

Sadek Beloucif,
Frank Boudghène,
Jean-Pierre Pruvo,
Pascal Le Corre,
Professeurs des Universités-Praticiens Hospitaliers

 

 

Mots clés