ALLOCUTION OFFICIELLE 19emes journées CSH-SNPHPU MONTPELLIER 2024 Dr Nicolas Coste – Président du SNPHPU

Article créé le
02/10/2024
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modifié le 02/10/2024

Chers collègues, chers congressistes,

 

C'est avec plaisir que j'ai l’honneur d'ouvrir ses allocutions officielles et de vous accueillir dans cette belle ville de Montpellier, ancienne cité où s’écrit depuis longtemps l’histoire de la médecine et de la pharmacie, et dont j’espère vous avez pu profiter déjà depuis hier.

Il est banal de dire que le monde de la santé, et le monde hospitalier en particulier, est en perpétuelle évolution. Des évolutions souhaitées, encouragées, comme vous pourrez le voir dans ce qui sera évoqué cet après-midi pour améliorer la qualité des soins et la prise en charge des patients avec l'aide de nouveaux outils comme l'intelligence artificielle. Mais aussi, des évolutions subies par des contraintes de tous ordres, comme nous allons le détailler un peu plus loin.

Mon propos portera sur plusieurs points de préoccupations que le SNPHPU a identifiés comme majeurs.

Nous parlerons donc du DES, diplôme qui garantit notre aptitude et notre compétence dans l'exercice de notre profession, et ce, aussi bien dans les établissements publics que privés.

Se rattachant immédiatement à cette nécessaire compétence, j'évoquerais les évolutions qui vont concerner nos équipes avec l'universitarisation de la formation des préparateurs en pharmacie hospitalière.

Je dirais également quelques mots sur les situations difficiles, parfois conflictuelles, que certains de nos collègues nous remontent. Elles peuvent concerner les relations entre les pharmaciens et leur direction mais aussi des difficultés au sein même de l'équipe pharmaceutique avec tout type de personnel.

Je vous ré-alerterai sur l'importance de votre soutien lors des élections comme celles qui ont eu lieu avant l'été et pour lesquelles je suis sûr que nos amis représentant les intersyndicales vous ferons un retour plus complet, mais aussi celles à venir qui désigneront nos représentants ordinaux.

Je conclurai sur l'actuelle instabilité politique qui complique nos relations avec les instances décisionnelles qu'elles soient ministérielles ou institutionnelles.

 

Venons-en au premier point, le diplôme d’études spécialisées ou DES qui maintenant depuis plusieurs années est indispensable pour pouvoir exercer en tant que pharmacien dans les pharmacies à usage intérieurs de nos établissements. C’est bien parce que notre métier demande une expertise certaine que la mise en place de ce diplôme, et surtout que l’obligation d’en être détenteur pour exercer dans les établissements disposant d’une PUI s’impose. Après une période de transition, qui devrait s'achever en juin 2025, tout pharmacien désirant exercer au sein d'une pharmacie à usage intérieur d'un établissement de santé devra obligatoirement être titulaire du seul diplôme d'études spécialisées, hors dérogation accordée précédemment. Cette période a permis de régulariser des situations où certains pharmaciens non titulaires du DES ont pu, par une reconnaissance de leur expérience et de leur ancienneté, continuer à exercer en tant que pharmacien hospitalier. Cette période a été longue : elle a duré 10 ans. Toutes les situations ont pu être exposées et régularisées, quand cela était possible. Le SNPHPU a toujours défendu la nécessité de cette formation et l'obligation de détenir ce diplôme pour pouvoir exercer en PUI. Nous continuerons ainsi et nous demandons que soit strictement respecté cette obligation pour la sécurisation de tous, professionnels de santé comme patients. Les nouvelles missions des pharmaciens hospitaliers et les développements dans toutes les branches de la pharmacie hospitalière nécessitent des professionnels formés, compétents et garantissant un accès aux produits de santé le plus sécurisé possible. Le nombre de professionnels de santé et notamment de pharmaciens hospitaliers ne pourra qu’être croissant. L'effort que nous demandons est de permettre la formation de plus d'internes en pharmacie hospitalière. Nous observons çà et là des changements dans les activités que chaque professionnel de santé peut prendre en charge. S'il s'agit d'améliorer et de faciliter le travail de chacun, nous ne pouvons qu’être pour. Mais, il ne s'agit en aucun cas de permettre, par des mesures palliatives, de compenser l'imprévoyance des différents responsables des politiques de santé au cours de ces dernières années. Nous demandons de s’abstenir de toute modification des textes réglementaires pour accéder à l’exercice de la pharmacie hospitalière en Pharmacie à Usage Intérieur. Nous avons des propositions à faire valoir. Nous avons validé certaines propositions défendues par la section H de l’Ordre des pharmaciens. Nous avons également des propositions pour permettre à un accès à cette formation à d’autres moments de nos carrières professionnelles. Mais nous serons intransigeants sur la nécessite de disposer de ce diplôme pour garantir une formation de qualité et nécessaire à notre pratique quotidienne. Notre constance dans ce domaine n’est plus à prouver, quand d’autres ne s’émouvaient pas de l’idée permettant à des pharmaciens officinaux, déjà eux-mêmes en grande difficulté de recrutement, de pouvoir exercer en PUI.

Ce qui vient d’être dit, a été pour partie, clairement entendu pour ce qui concerne nos collaborateurs que sont les préparateurs en pharmacie hospitalière. En effet, depuis le 31 juillet 2024, un arrêté relatif au diplôme d’Etat de préparateur en pharmacie hospitalière et un décret attribuant le grade de licence aux titulaires du diplôme d’Etat de préparateur en pharmacie hospitalière, consacre l’universitarisation de leur formation. Cette formation se veut plus complète, s’empare de sujets en plein développement comme la pharmacie clinique, permettra probablement de pouvoir compter sur des collaborateurs plus compétents et plus à même de nous seconder. Mais n’a-t-on pas mis la charrue avant les bœufs en améliorant encore la formation des préparateurs en pharmacie hospitalière, quand pour pouvoir travailler comme préparateur dans une PUI d’un établissement public, il faut être détenteur du diplôme de PPH, alors qu’il n’en est nul besoin dans une PUI d’établissement privé ? Ce qui est demandé pour les pharmaciens, que l’établissement de santé  soit public ou privé, c’est d’avoir un pharmacien titulaire du DES. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec les préparateurs ?  Ne va-t-on pas encore accélérer le décalage entre établissements publics et établissements privés à la fois en termes de compétences, mais aussi de rémunérations, et donc de recrutement ? Recrutement qui pose déjà problème, car nombreuses sont les PUI d’établissements publics où tous les préparateurs ne sont pas forcément des PPH, même si des engagements sont pris de part et d’autre pour régulariser leur situation en leur permettant ensuite de s’inscrire et de suive les enseignements du diplôme de PPH. Mais, attention aux délégations de tâches ou de missions que l’on pourrait être tenté de mettre en place, en considérant que nos missions d’encadrement et de contrôle s’en trouvent allégées par la mise place de ce diplôme de niveau licence. Référons-nous toujours à la réglementation et en particulier au Code de la Santé Publique pour savoir jusqu’où déléguer en toute sécurité.

On le voit, notre exercice est déjà difficile par l’ensemble des sujets que nous traitons et nécessite encore une fois une expertise et une bonne compréhension des enjeux qu’il sous-tend. A cela se rajoute nécessairement des aspects organisationnels et managériaux, indispensables au bon fonctionnement de l’équipe pharmaceutiques et à sa bonne intégration au fonctionnement de l’hôpital dans laquelle elle s’inscrit. Rien que cela est déjà compliqué à bien orchestrer et nécessite des efforts quotidiens de la part du pharmacien gérant de la PUI et de son équipe d’encadrement. Mais hélas, il arrive parfois que cela se complique encore avec l’apparition de situations conflictuelles, soit avec l’équipe de direction, soit avec l’équipe pharmaceutique, et ce, quel que soit le grade des personnes impliquées. Dans les situations les plus compliquées, tout se mélange, les uns utilisant les autres, tour à tour, pour finalement bloquer des situations qui, si elles avaient été prises à temps dans un esprit réel d’apaisement, auraient pu se régler sereinement. Des instances de médiation existent aussi bien au niveau des CME que des ARS, n’hésitez pas, très précocement, à les saisir pour aplanir les situations qui peuvent l’être. N’hésitez pas non plus à nous saisir, nous le SNPHPU. Nous répondons toujours à vos demandes, certes parfois avec un peu de délai, mais toujours après avoir étudié l’objet de vos questions pour vous fournir des réponses les plus complètes. Nous vous avons depuis des années encouragé à souscrire un contrat d’assurance en responsabilité civile complété par une protection juridique professionnelle. Car, même si dans certains cas vous pourrez bénéficier de la protection juridique de l’établissement en cas de faute non détachable de service, vous pourrez certaines fois vous trouvez dans des situations où elle ne pourra vous être accordée. C’est pourquoi depuis cette année, notre cotisation inclut une RCP/PJ qui pourra être activé dès que de besoin. Je vous invite à passer sur notre stand pour vous renseigner à ce sujet, si nécessaire.

Abordons maintenant un point important, je veux parler de notre représentation au sein de diverses institutions. Le SNPHPU vous représente au niveau national, mais aussi européen en étant membre de l’EAHP, notre session de cette fin de journée en témoigne, et également au niveau international car nous adhérons à la FIP. Nous tirons notre légitimité de votre participation aux différents scrutins nationaux comme ceux qui ont eu lieu en juin de cette année pour les élections professionnelles, organisées par le CNG, afin de désigner nos représentants au Conseil Supérieur des Personnels Médicaux, odontologistes et pharmaceutiques, à la Commission Statutaire Nationale et au Conseil de Discipline. Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris un petit moment de leur temps pour nous apporter leur voix à ces différents scrutins. Il y a eu quelques difficultés techniques qui ont pu en rebuter certains, mais soyez convaincus de l’utilité de vos votes. Les résultats sont globalement bons, même si apparaissent des problèmes de calcul du nombre de représentants, mais je laisserai nos amis de la CMH et du SNAM-HP vous détaillez tout cela. D’autres élections se profilent pour l’année 2025. Il s’agit des élections ordinales ou certains quadrinômes de la section H vont être renouvelés. Là encore, votre soutien nous est indispensable.

C’est parce que nous vous représentons dans ces instances que nous pouvons faire entendre vos voix, vos questionnements, vos préoccupations ou vos revendications. La force de votre représentation dépend directement votre participation à tous les votes auxquels nous nous portons candidats. Je vous remercie par avance pour votre mobilisation.

 

Dernier point d’actualité, s’il en est, la difficulté à faire progresser les dossiers qui nous concernent du fait de l’instabilité politique. Nous avons tous été surpris de l’organisation inattendue d’élections législatives peu de temps après les élections européennes. Les résultats de ces législatives ont conduit à une longue période d’incertitude quant au nouveau gouvernement qui devait en découler.

C’est finalement depuis le week-end dernier que nous connaissons notre nouvelle ministre de la santé, Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, dont nous ne doutons pas que son expérience professionnelle, comme politique, la rendent à même de comprendre et de traiter l’ensemble de sujets urgents que le domaine de la santé présente à l’heure actuelle.

Pour ce qui nous concerne directement, j’en vois au moins trois.

Le premier est l’attractivité des métiers de la santé et en particulier des carrières hospitalières dont celles des praticiens que nous sommes. Si des efforts ont été consentis lors du Ségur ou même avant, notamment sur l’indemnité d'engagement de service public exclusif et sur l’entrée en carrière des nouveaux praticiens, il semble que nous soyons au milieu du gué. La redéfinition des échelons, et particulièrement la durée des derniers échelons, semble absolument nécessaire car sinon peu d’entre nous arriveront à bénéficier du dernier échelon de la grille actuelle. Autre point en relation, la nécessaire revalorisation des gardes, des astreintes et du temps de travail additionnel pour favoriser l’attractivité et la fidélisation des praticiens titulaires plutôt que d’avoir recours à de l’intérim couteux et injuste pour ceux qui portent au quotidien l’organisation et l’activité des services dans lesquels il officient. Ces revalorisations doivent être les plus équitables possibles, quelle que soit la modalité choisie, pour que cela ne conduise pas et des écarts de rémunération trop flagrants.

Le second sujet est la difficulté à travailler sur tous les dossiers qui nous préoccupent, du fait du renouvellement fréquent du ministre de la santé, mais aussi des directions qui l’assistent dont la DGS et la DGOS. En effet, depuis le second mandat du Président Macron, Mme Geneviève DARRIEUSSECQ est la sixième ministre en 2 ans à occuper ce poste. Cela a des impacts sur tout le fonctionnement du ministère et rend difficile le suivi des travaux en cours. Espérons que cela s’arrête un peu, pour que tout le monde puisse enfin travailler de façon productive et au bénéfice de tous.

Le troisième est dernier sujet concerne les ruptures d’approvisionnement en produits de santé, aussi bien médicaments que dispositifs médicaux. Ce problème n’est hélas pas nouveau et semble loin de s’arranger. Sur la dernière année, il s’est aggravé de 30 % pour ce qui concerne les médicaments. Il devient extrêmement chronophage pour tous de traiter quasiment quotidiennement des tensions, des contingentements, médicalisés ou pas, des ruptures avec ou sans délais. C’est une désorganisation importante pour nos services de soins et nous-même, mais c’est surtout des substitutions ou des arbitrages à faire pour les premiers destinataires que sont nos patients. Plusieurs travaux ont été menés aux cours de ces dernières années, sans que le bénéfice de ceux-ci soit patent. Nous participons aux réunions du plan hivernal qui tente de limiter l’impact de ces ruptures sur les seules pathologies infectieuses hivernales en identifiant des « molécules sentinelles ». Mais le sujet est bien plus vaste, et à coup sûr bien plus complexe qu’il n’y parait. C’est pourquoi nous vous prions de bien vouloir prendre le sujet à bras le corps pour trouver enfin des solutions pérennes et réalistes. Nous serons toujours disponibles pour traiter ce sujet.

 

Je conclurai en vous remerciant encore d’être présents à ces 19èmes Rencontres Convergences Santé Hôpital. Je vous souhaite des sessions et des débats riches et instructifs.

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